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Kristof Serrand - Photo : DR

22 mai 2017

  Regard de Kristof Serrand 

Kristof Serrand partage avec nous sa vision du monde de la formation à l’image animée.

Kristof Serrand, directeur artistique dans les célèbres studios DreamWorks en Californie, est sorti des GOBELINS, l’école de l’image à Paris et intervient aujourd’hui régulièrement à GOBELINS à Annecy. Il nous raconte son parcours et porte son regard sur le monde de la formation à l’image en mouvement d’aujourd’hui.

Issu de GOBELINS, l’école de l’image, vous y retournez fréquemment pour transmettre votre savoir et votre expérience du monde de l’animation. Dans quel cadre intervenez-vous ?
J'ai été un intervenant très régulier aux GOBELINS peu de temps après la fin de mes études et jusqu'à mon départ de la France. Depuis, j'y fais des conférences et des présentations ponctuelles lors de mes passages à Paris et Annecy, et des interventions plus suivies lors de mes séjours prolongés.

J'interviens dans tous les domaines qui concernent l'analyse et l’interprétation du mouvement en animation et plus particulièrement sur l'acting (le jeu d'acteur). J'essaie aussi d'expliquer aux étudiants le travail au quotidien dans les grands studios comme DreamWorks.

En quoi la transmission de votre passion aux talents de demain vous motive ?
Il y a une demande très forte de la part des jeunes d'apprendre les "secrets" du métier. Je suis aussi tout simplement cette tradition qui perdure aux GOBELINS, qui incite les anciens élèves à revenir comme professeurs. Elle a commencé avec Stéphane Bernasconi, réalisateur de renom, qui était à l'époque un de nos meilleurs profs lorsque j'étais moi-même étudiant.

Le fait d'enseigner aux GOBELINS m'a également permis de rencontrer des talents et je continue à ce jour à travailler avec certains d’entre eux.

Les programmes des GOBELINS d'Annecy sont aussi très proches de ce que je fais aux Etats-Unis qui est principalement de l'animation numérique en 3D.
Et puis, c’est avant tout une rencontre de passionnés !

Établissez-vous un lien particulier entre DreamWorks et les GOBELINS d’Annecy ?
J'aimerais bien qu'il y ait plus de passerelles des deux côtés, mais c'est un peu compliqué...
En fait je suis toujours revenu aux GOBELINS comme professionnel et passionné d'animation plutôt que représentant d'une société, même du temps où j'étais à Amblimation, à Gaumont ou avec le réalisateur Paul Grimault.

Quelle est aujourd’hui votre vision de la formation à l’image en France ?
Nous avons pour nous une grande diversité de l'offre. Certaines écoles sont axées sur les formations d'auteurs, d'autres sont plus techniques (2D, 3D, stop-motion). Certaines forment des "concepteurs" et d'autres privilégient davantage le savoir-faire.

Je pense aussi que les écoles d'arts ont tendance à s'enfermer chacune dans leur communauté artistique. Il serait bon de développer des passerelles entre les écoles de disciplines, de traditions et de cultures différentes. Les écoles d'animation en particulier, se concentrent parfois trop sur le visuel, au détriment d'autres aspects tels que la narration, les dialogues, la musique, etc.

De quelle façon les États-Unis, votre pays d’adoption et très gros producteur de film d'animation, vous inspire-t-il dans vos échanges avec vos étudiants français ?
J'ai l'impression que beaucoup d'étudiants sont un peu trop fascinés par le rêve américain.
Je leur conseille alors d’être bilingue, trilingue, de voyager, d’apprendre les méthodes américaines ou japonaises, mais surtout de ne jamais oublier leur propre culture.

Le monde de l'animation est international et multiculturel, c'est une de ses richesses. À DreamWorks nous avons 38 nationalités différentes, tous mes collaborateurs sont créatifs et talentueux... Si les États-Unis sont mon pays d'adoption, alors je rêve de remplacer le terme "french touch" par "touche française" (celle que les américains nous envient !).

Sans doute faut-il avoir des rêves, mais je crois que le plus important, c'est de faire son travail du mieux qu'on peut. Le réalisateur et concepteur Pierre Tchernia nous disait que Paul Grimault n'avait pas eu besoin des grosses voitures américaines, mais qu'il nous avait emmené avec son vélo, sur des chemins que lui seul connaissait. Je crois que j'ai un peu la nostalgie de ce vélo qui doit être quelque part entre Paris et Annecy...